Voilà, ça y est. Le service urbanisme de ma commune a signé mon devis. C'est mon plus gros chantier. C'est sûr, je vais faire une bonne année. Mais ce que je ne comprends pas, c'est qu'elle parle d'une condition. Elle veut appliquer... C'est ce passage : « comme la loi l'autorise, une retenue de garantie pour couvrir les réserves éventuelles à la réception des travaux ainsi que les désordres survenus pendant le délai de garantie de parfait achèvement."
Je suis une entreprise sérieuse ! Je fais bien mon travail, et j'en ai besoin, de cet argent. Un an, c'est très long !
Réponse d’un professionnel – Benjamin Rorato, expert BTP (Banque de France)
Vous avez raison, un an, c'est long. Surtout quand on parle de trésorerie.
Avant de vous apporter des solutions, laissez-moi vous repréciser en quoi consiste la retenue de garantie. Il faut d'abord savoir que, même si elle n'est pas obligatoire, elle reste largement appliquée dans le secteur du BTP. Elle sert à protéger votre client ou le maître d'œuvre contre les risques de malfaçon de chantier. Elle lui permet, dans un cadre strict et légal, de s'assurer que l'ensemble des réserves qu'il aura relevées seront corrigées à l'issue des travaux.
Elle représente au maximum 5 % du montant TTC de la facture. Elle doit être prévue dans les termes du contrat à la signature, ou mentionnée dans votre devis. Dans le cas contraire, elle ne pourra être appliquée au paiement. Ainsi, si le montant des travaux est amené à varier, la retenue évoluera en conséquence.
Par ailleurs, cette somme sera consignée chez un tiers, un notaire, par exemple, afin de s'assurer que personne n'y touche. Elle vous sera donc restituée au plus tard un an à la fin des travaux, si d'une part aucune malfaçon n'a été relevée ou si d'autre part vous avez corrigé les réserves formulées par votre client. C'est un engagement définitif. Une fois mis en place, vous ne pourrez plus vous y soustraire.
Vous allez me dire qu'avoir 5 % de son chiffre d'affaire retenu pendant un an pèse sur les disponibilités de votre entreprise. Et vous avez raison. Cependant, des solutions existent. Vous pouvez demander à votre banquier de mettre en place une caution d'un montant équivalent à 5 % de la mise de garantie, ou encore des solutions de financement de court terme pour pallier cet effort de trésorerie.
Quoi qu'il en soit, n'hésitez pas à prendre contact avec votre établissement bancaire pour mettre en place la solution qui répond au mieux à vos besoins.