
Face aux enjeux environnementaux et sociétaux, intégrer le développement durable dans sa stratégie devient un levier essentiel pour les entreprises. Cet article vous guide pas à pas pour lancer une démarche RSE efficace et adaptée à votre structure.
Qu’est-ce que le développement durable ?
Derrière les engagements RSE (Responsabilité Sociétale et Environnementale) pris par les entreprises, on retrouve l’idée de développement durable – qui repose sur l’équilibre entre trois dimensions : économique, sociétale et environnementale. Il s’agit d’adapter les modes de production et de consommation pour préserver des ressources limitées, tout en assurant une croissance soutenable. La notion invite à dépasser la seule performance financière, en renvoyant aussi à la responsabilité de l’entreprise vis-à-vis de la société et de l’environnement.
Comment la prise en compte du développement durable peut-elle bénéficier aux entreprises ?
Le développement durable contribue à :
- Renforcer la compétitivité en anticipant les risques liés aux ressources, à la réglementation ou à la réputation. Cette anticipation devient d’autant plus stratégique que certaines entreprises intègrent désormais des critères environnementaux dans leur chaîne d’approvisionnement, pouvant exclure les fournisseurs ne répondant pas aux exigences de leur propre démarche RSE ;
- Stimuler l’innovation, via des pratiques comme l’écoconception ou l’économie circulaire ;
- Motiver les équipes, qui adhèrent davantage aux projets porteurs de sens ;
- Accroître la résilience à long terme, dans un contexte de raréfaction des ressources naturelles.
Ainsi, au-delà des effets bénéfiques pour la société et l’environnement dans lesquels s’insère l’entreprise, une démarche RSE lancée pour prendre en compte les enjeux de développement durable peut aussi bénéficier à l’entreprise sur le long terme.
Des normes volontaires pour aider les entreprises à valoriser leurs efforts
Les normes ISO (pour International Organization for Standardization) sont des référentiels internationaux élaborés par des experts, visant à harmoniser les pratiques dans de nombreux domaines : qualité, sécurité, environnement, responsabilité sociétale, etc. Elles ne sont pas obligatoires, mais servent de guides reconnus pour structurer les démarches des entreprises et garantir leur crédibilité auprès de leurs parties prenantes. Dans le cadre du développement durable, certaines normes ISO permettent ainsi de formaliser et valoriser les engagements pris en matière environnementale ou sociétale.

1. Des normes volontaires reconnues
- La norme ISO 14001 porte sur les performances environnementales de votre entreprise, afin de vous aider à structurer vos actions en la matière. L’objectif de la norme est de réduire l’empreinte environnementale de votre entreprise, et en premier lieu la pollution et les déchets générés.
- La norme ISO 26000, plus large, est le premier standard international proposant des lignes directrices pour mener une démarche RSE. Publié en 2010, la norme ISO 26000 vise à accompagner les organisations dans leur démarche de développement durable en abordant sept thématiques que l’entreprise est amenée à traiter et pour lesquelles elle peut définir et mettre en place des actions – à savoir la gouvernance de l’organisation, les droits de l’homme, les relations et conditions de travail, l’environnement, la loyauté des pratiques, les questions relatives aux consommateurs, les communautés et le développement local.
- En France, les normes sont élaborées par l’AFNOR (Association française de normalisation), qui coordonne leur développement en lien avec les acteurs économiques et institutionnels. Ces référentiels, souvent volontaires, permettent aux entreprises de structurer leurs démarches RSE et de valoriser leurs engagements. Certaines normes portent sur des thématiques spécifiques comme l’économie circulaire ou l’écoconception, et offrent des repères concrets pour intégrer les enjeux environnementaux dès la conception des produits ou services.
2. Les objectifs de développement durable de l’ONU et l’Agenda 2030
Les Objectifs de Développement Durable (ODD), adoptés par l’ONU en 2015 dans le cadre de l’Agenda 2030, offrent un cadre universel pour orienter les actions des entreprises vers un modèle plus responsable. Ils couvrent 17 grands enjeux mondiaux, allant de la lutte contre la pauvreté à la protection de la biodiversité, en passant par l’égalité des genres et la consommation responsable.
Les entreprises peuvent intégrer les ODD dans leur stratégie RSE en suivant plusieurs étapes :
- Identifier les ODD pertinents selon leur secteur et leur chaîne de valeur ;
- Définir une stratégie alignée, avec des objectifs mesurables et des indicateurs de performance ;
- Intégrer les ODD dans la gouvernance, en formant les collaborateurs et en adaptant les processus décisionnels ;
- Collaborer avec les acteurs du territoire (collectivités, associations, autres entreprises) pour mutualiser les efforts ;
- Évaluer et communiquer régulièrement les progrès réalisés, en s’appuyant sur des cadres reconnus comme le référentiel de suivi proposé par le GRI (Global Reporting Initiative).
En s’engageant dans cette démarche, les entreprises peuvent mieux prendre en compte les évolutions de leur environnement économique, sociétale et réglementaire, tout en s’inscrivant dans une logique de long terme.
Comment l’entreprise peut-elle agir ?
Il existe plusieurs voies pour initier une démarche RSE, selon la situation de l’entreprise. On peut néanmoins relever quelques grandes étapes susceptibles d’orienter ce processus :
- Établir un diagnostic environnemental : faire un bilan carbone (bilan carbone de l’ADEME, bilan GHG Protocol…) pour identifier les sources d’émissions ;
- Structurer la démarche en nommant un référent voire en établissant une direction du développement durable ;
- Déployer des actions concrètes :
- Sobriété énergétique (écogestes, isolation, etc.)
- Énergie renouvelable : privilégier des fournisseurs engagés ou installer des solutions d’autoconsommation (panneaux photovoltaïques...)
- Écoconception, économie circulaire, recyclage, écoconception de produits/services via les normes AFNOR ;
- Se pencher sur les possibles labellisations ou certifications, par exemple en se faisant certifier sur la base du respect de normes reconnues ;
- Déclarer et communiquer : l’entreprise peut ensuite valoriser ses efforts, en veillant à respecter le cadre existant et surtout à ne pas basculer dans le greenwashing (ou « écoblanchiment »). Les entreprises concernées (principalement les sociétés et PME cotées) devront également répondre aux obligations de reporting (CSRD, DPEF en France) en publiant un rapport extra-financier structuré.
Les démarches engagées pour promouvoir la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) ne se limitent pas à l’environnement : elles englobent le volet social, avec des actions en faveur des collaborateurs (horaires aménagés, charte de parentalité, formation, qualité de vie au travail), et le volet sociétal, qui renforce les liens avec le territoire et les autres acteurs économiques (mécénat, partenariats, soutien à des projets locaux). Ces engagements contribuent à la cohésion interne, à l’attractivité de l’entreprise et à un impact positif durable.
L’accompagnement par les pouvoirs publics
Face aux enjeux environnementaux et sociaux croissants, les pouvoirs publics ont progressivement mis en place des règles pour veiller au respect des objectifs du développement durable par les entreprises. Ce cadre réglementaire concerne souvent en premier lieu les grandes entreprises, mais peut également rejaillir sur de plus petites entreprises – notamment au titre de leur rôle de fournisseur de plus grandes entreprises.
À titre d’illustration, on peut ainsi citer la directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), entrée en vigueur en janvier 2024, mais avec un calendrier de déploiement progressif et qui concerne essentiellement les entreprises de taille importante (entreprises cotées et/ou comptant plus de 250 salariés et dépassant certains seuils financiers). Elle prévoit pour ces entreprises la publication d’un rapport de durabilité ESG (environnemental, social, et de gouvernance) et devrait s’appliquer à terme à plus de 50 000 entreprises en Europe contre environ 11 700 auparavant sous la directive NFRD.
En parallèle, afin d’accompagner cette évolution réglementaire, les pouvoirs publics ont mis en place plusieurs dispositifs afin d’aider les entreprises à structurer leur démarche RSE et à répondre aux nouvelles exigences. L’objectif est double : faciliter l’adaptation des entreprises, notamment les plus petites, et encourager une transition écologique cohérente à l’échelle nationale. En France, l’État encourage la transition écologique des entreprises – par exemple à travers l’action de la Direction Générale des Entreprises (DGE). Celle-ci propose assistance méthodologique, aides financières, et outils (Portail RSE), notamment pour les PME/TPE.
On peut également citer des initiatives telles que la plateforme « Transition écologique des entreprises », qui propose un catalogue des aides financières publiques existantes pour les entreprises souhaitant mener des projets en ce sens.
En conclusion
Le développement durable constitue un levier stratégique pour renforcer la performance d’une entreprise, son attractivité et sa résilience. Il s’appuie sur des référentiels reconnus (normes ISO, ODD), et est encouragé par les pouvoirs publics – qui accompagnent les entreprises en même temps que se renforcent les obligations réglementaires. Pour être efficace, une démarche RSE doit aller au-delà des enjeux de conformité en étant structurée, adaptée aux spécificités de l’entreprise, et intégrée dans sa stratégie à long terme.